HÉRAULT - La Halle en procédure de redressement judiciaire : des centaines de magasins sont menacés.

Intersyndicale La Halle

Le COVID 19 pousse La Halle en procédure de redressement judiciaire : 3.000 emplois et des centaines de magasins sont menacés.

Ce mardi 2 juin 2020, le tribunal de commerce de Paris a donné son accord à la conversion de la procédure de sauvegarde de l'enseigne La Halle, filiale du groupe Vivarte, en procédure de redressement judiciaire. 

Placée en procédure de sauvegarde le 21 avril dernier, suite à la fermeture des magasins dans le cadre des mesures de confinement liées à la propagation du COVID 19, La Halle fait face à des difficultés de trésorerie importantes. 

Malgré la garantie annoncée par le gouvernement aucune banque n'a accepté d'accorder de PGE (Prêt Garanti par l'État) à La Halle.

"On est juste vendeuses : on est pas importantes ! Nous ne sommes ni Air France, ni Renault..."- Hélène Heinrich, vendeuse à La Halle d'Auch, DSC CFTC La Halle (Gers, 32) 

Malgré l'important plan de soutien annoncé, le prêt-à-porter n'en bénéficie pas. Pourtant plus de 10.000 emplois sont en danger avec des entreprises telles que Naf Naf, Camaïeu, La Halle.

Les salariés de La Halle ont sollicité l'aide de Bruno LE MAIRE, Ministre de l'économie et des finances et de Muriel PENICAUD, Ministre du Travail, afin que l'ancien N°1 Français de l'habillement et de la chaussure, ne soit pas bradé en cette période difficile et puisse bénéficier d'un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) décent pour ses salariés. Cet appel est pour l'instant resté sans réponse.

Du 9 au 29 juin date de clôture du dépôt des offres de reprise, les salariés de La Halle entendent négocier avec le groupe Vivarte et les éventuels repreneurs l'amélioration des offres reprise.


Malgré la rentabilité de l'enseigne (120 millions d'euros de trésorerie prévisionnelle et 5 à 6 millions d'euros d'excédent d'exploitation en 2019) les salariés de "La Halle" craignent que la stratégie des actionnaires ne privilégie la cession de l'enseigne au profit des investisseurs plutôt que la sauvegarde des emplois et l'indemnisation des salariés licenciés. L'intersyndicale est déterminée à représenter l'intérêt de ces derniers. 

La Halle : le N°1 de la chaussure et du vêtement Français fragilisé par des stratégies d'investissements à répétition

En 2005, le groupe Vivarte est acheté par le fond d'investissement PAI. C'est Georges Plassat qui en prend le pilotage et organise sa restructuration. En moins de 3 ans, en 2008, le groupe Vivarte qui compte alors 23 enseignes, est revendu au fond d'investissement CharterHouse pour 3,2 milliards d'euros avec une plue value de 1,8 milliards réalisée par PAI sur la période. CharterHouse entame alors une nouvelle restructuration en engageant 600 millions d'euros de fonds propre et sollicitant 2,6 milliards d'euros de prêt. 

Malgré les nombreux avertissements des collaborateurs du groupe sur le virage du e-commerce qui reste à initier, la tendance à la dé-consommation et les faibles résultats des nouveaux petits magasins ouverts en zone rurale, CharterHouse poursuit sa stratégie. La croissance du groupe ralentit jusqu'à ce que ses créanciers en prennent le contrôle en 2014.

CharterHouse est écarté et 500 millions d'euros sont à nouveau empruntés avec un taux d'intérêt s'élevant à 11%. Les frais financiers de La Halle explosent et la situation de l'enseigne est mise en péril. La trésorerie du groupe fond tandis que l'actionnariat cède peu à peu les enseignes solvables, pour continuer à se rembourser. 

Le groupe Vivarte, numéro 1 de la chaussure et du vêtement Français en 2008, qui réunissait 23 enseignes et un chiffre d'affaire annuel de plus de 4 millards d'euros, ne compte aujourd'hui plus que 3 enseignes, pour un chiffre d'affaire inférieur à 1 milliard d'euros en 2019.

L'offre de reprise de Beaumanoir : une catastrophe sociale

Sur les 7 offres de reprise reçues par le groupe Vivarte, seule celle du groupe Beaumanoir, propriétaire des enseignes Morgan, Bonobo ou encore Breal, comprend une reprise partielle des activités de La Halle. Cette reprise qui entrainerait en l'état plus de 3.000 licenciements et la fermeture de centaines de magasins.

Beaumanoir, qui s'est également positionné pour reprendre Naf Naf, propose de ne reprendre que l'activité Mode de La Halle, soit moins de la moitié du parc total (l'autre moitié étant des magasins destinés à la chaussure). Soit la perte de près de 3.000 emplois et la fermeture de 300 magasins.

Beaumanoir entend financer cette opération avec l'aide des pouvoirs publics. 

Cette offre, qualifiée de "seule sérieuse" par Karim Cheboub, coordinateur CGT de Vivarte, ne reprendrait cependant que "moins de la moitié du personnel". "On s'attendait à mieux que ça. Il semble que la crise du Covid-19 ait dissuadé les investisseurs potentiels", a-t-il affirmé à l'Agence France-Presse, évoquant une "catastrophe sociale".

Concernant le siège de La Halle à Paris, avec l'offre de Beaumanoir, seulement 102 salariés conserveraient leur poste contre les 500 actuels.

Par ailleurs aucune offre ne prévoit de reprendre les deux centres logistiques de l'enseigne qui emploient plus de 500 personnes dans l'Indre, dont l'immense majorité sont en fin de carrière.

L'offre de Beaumanoir prévoit également que 60 millions d'euros de la trésorerie accumulée par La Halle soit réinvestie pour financer l'achat de la collection automne hiver 2020. Une nouvelle collection qui serait donc produite à la charge des salariés de La Halle, au détriment du financement du PSE.

Intersyndicale La Halle (03-06-20)

 


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