Béziers - Le rejet déposée par madame Ménard sur le projet de loi bioéthique
Emmanuelle Ménard - Députée de la 6e circonscription de l’Hérault.
Le rejet déposée par madame Ménard sur le projet de loi bioéthique
Chers collègues,
1957, La Gloire de mon père. Époque qui paraît si lointaine. Où Marcel Pagnol écrivait un livre pour chanter l’amour d’un père simple et fort. Un père qui a instruit autant qu’il a éduqué. Un père qui a impressionné autant qu’il a consolé. Un père qui se fâchait autant qu’il embrassait. Pagnol a eu un père, et il nous l’a livré avec une douceur poétique pour que jaillisse en nous l’image du père qui était le sien mais qui pourrait, aussi, être le nôtre.
2021. Ce père merveilleux est aujourd’hui coupable ; coupable d’être père ; coupable d’être nécessaire à la conception d’un enfant, à l’engendrement d’une lignée. C’est ce que dit une nouvelle fois l’article 1er, pourtant supprimé par le Sénat dans sa sagesse, et que vous avez rétabli, dans votre aveuglement, en commission, la semaine dernière.
Aveuglement oui, parce qu’avec la suppression de ce père, c’est l’effacement d’une partie de la femme que vous organisez et c’est une partie de l’enfant que vous volez.
La femme de votre idéologie s’auto-suffira. Elle n’aura besoin de rien ni de personne. Elle s’auto-reproduira, ayant pour seul appui non plus un homme mais la médecine et ses éprouvettes. Elle engendrera même dans sa vieillesse, parce qu’elle aura congelé ses ovocytes pour espérer donner la vie quand elle le voudra. Mais engendrer n’est pas un jeu à somme nulle : moins de père ne donne pas plus de mère.
L’enfant lui, ne sera plus simplement espéré. Il sera commandé, incubé et… payé. Il vivra car, si la médecine ne fait pas de miracle, elle sait défier les lois naturelles qui régissent notre humanité depuis des millénaires. Il vivra. Mais sans père. Pourquoi ? Parce que des femmes et des hommes, des adultes - ce sont toujours des adultes et eux sont nés d’un père et d’une mère - auront décidé à sa place d’enfant, que, lui, n’aurait pas besoin de père. Au nom de son intérêt supérieur, bien sûr, que vous sortez de votre chapeau d’apprenti sorcier quand cela vous arrange…
Et parce que cela ne suffit pas, vous continuez de transgresser en vous attaquant au droit de la filiation. Pour cela, vous êtes prêts à tout, y compris à assumer les pires contradictions. Au nom d’une pseudo égalité entre adultes, vous créez des discriminations entre les enfants à naître : entre ceux qui auront un père et ceux qui n’en auront pas, entre ceux qui auront le droit de faire une recherche en paternité et ceux, les enfants nés d’une PMA, qui ne le pourront pas.
Ce que vous faites ? Vous consacrez un mensonge organisé. Que vous le vouliez ou non, un enfant naît de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule, issus d’un homme et d’une femme, d’un père et d’une mère et cela de façon naturelle ou avec l’aide de la science. Eh oui, je sais, vous n’aimez pas appeler « parents » ceux dont sont issus les enfants. « Père » et « mère », ces mots que vous continuez de dépecer pour fracturer la réalité elle-même. Vous préférez les mots froids et sans âme de « donneur » ou de « géniteur ».
Mais ce n’est pas tout. Car dans votre semblant de toute puissance, vous voulez créer des chimères animal-homme, faisant fi des avertissements du Conseil d’État qui s’inquiète des risques de zoonoses, de migration des cellules humaines vers le cerveau de l’animal ou encore d’un risque d’apparence humaine. Rien de cela ne vous effraie !
Pas plus d’ailleurs que de vous en prendre à l’embryon. Cette forme la plus jeune de l’être humain, si fragile, et que l’on s’arrache au point de tout mettre en œuvre pour que chaque ventre de femme puisse en porter un mais qui, en même temps, est vu comme un vulgaire tas de cellules, que l’on sélectionne selon sa « qualité » et sur lequel on pourra faire des recherches durant ses 14 premiers jours. Des embryons que cette loi autorisera à jeter par milliers – 12 000 pour être précise… Des embryons devenus des fœtus, que certains ici voudraient pouvoir avorter jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la veille de l’accouchement en cas de détresse psychosociale de la mère. On en pleurerait !
Le pire dans tout cela, c’est que vous en voulez toujours davantage. Le rapporteur Touraine l’a clairement dit : demain ce sera la ROPA, la PMA post-mortem et la GPA. Les masques tombent. Mais vos transgressions, elles, persistent.
C’est une triste époque, désertée par la sagesse, la retenue et même l’humanité, qui va balafrer des vies entières d’enfants nés sans père. Et qui participe malheureusement à l’effondrement d’une société, de notre société déjà en déclin.
Je vous mets en garde : il ne serait pas étonnant que les transgresseurs d’aujourd’hui – vous-mêmes ! - soient rattrapés par la colère de ceux que, demain, vous aurez rendu orphelins. Pour tout cela, je vous demande de rejeter ce texte.
Emmanuelle Ménard - Députée de la 6e circonscription de l’Hérault.
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