HÉRAULT - CANICULE, VAGUE DE CHALEUR, SURCHAUFFE URBAINE : COMMENT ADAPTER LES VILLES POUR LES DECENNIES FUTURES ?

ADEME- OCCITANIE TRIBUNE

SE PREPARER AUX VAGUES DE CHALEUR : « PLUS FRAÎCHE MA VILLE », UN OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION. A DESTINATION DES COLLECTIVITÉS

L’ADEME lance « Plus fraîche ma ville », un service numérique public d’aide à la décision pour les villes qui veulent mettre en place des solutions de rafraîchissement durables et adaptées au territoire. Pour être au plus près de leurs besoins, l’outil est coconçu avec des élus et agents territoriaux.

Ce service numérique est né de l’initiative d’une start-up d’État portée par l’ADEME. Gratuite et simple d’utilisation, elle a été conçue dans le cadre de l’incubateur « Accélérateur de la transition écologique » de l’ADEME, avec le soutien de Beta.gouv.fr et de l’Association des maires de France (AMF).

Comment ça marche ?
« Plus fraîche ma ville » propose trois parcours qui, ensemble, facilitent les prises de décision. Le premier est un arbre décisionnel : après avoir répondu à plusieurs questions, on obtient jusqu’à quatre solutions de rafraîchissement urbain, à choisir seules ou combinées. Le second partage des retours d’expérience. Le troisième renseigne sur chaque solution : coût, cobénéfices, limites...

Pour quels types de villes ?
Toutes. Certes, l’outil cible en priorité les petites et moyennes collectivités qui réfléchissent à leur adaptation au changement climatique, notamment les petites et moyennes, qui disposent de moins de ressources pour identifier et comparer les solutions. Mais les métropoles, même expérimentées, peuvent aussi être intéressées.

Pourquoi ?
« Le service proposé par la start-up d’État ne remplace pas l’expertise sur mesure d’un bureau d’études, précise Élodie Briche, qui porte le projet à l’ADEME. Elle apporte un premier niveau de décision, aide à écarter les solutions qui ont peu de chances de fonctionner ou pour lesquelles la collectivité n’a pas le budget. Elle prépare le terrain avant la rédaction de cahiers des charges. La collectivité y gagne en expertise, mais aussi en temps et en argent. »

Un outil coconstruit ?
En amont, une phase d’investigation a été menée durant l’été 2022 pour identifier les problèmes rencontrés par les collectivités dans le déploiement de leurs solutions de rafraîchissement. Cela consistait en des entretiens semi-directifs d’élus, d’agents territoriaux et de bureaux d’études. Plus de 500 collectivités ont aussi répondu à une enquête. La construction de l’outil a ainsi bénéficié de l’expérience de tout un écosystème d’acteurs. Et la version bêta, en ligne depuis fin mars, continue de s’améliorer et de s’enrichir avec les retours des utilisateurs.

ANTICIPER POUR EVITER LES CRISES

En ville, l’air est en moyenne 2 à 3 °C plus chaud que dans la campagne alentour, parfois jusqu’à 10 °C ! Ce phénomène d’îlot de chaleur urbain s’explique par la concentration des activités humaines, la présence de matériaux foncés absorbant la chaleur le jour et la restituant la nuit, etc. En été, cette surchauffe urbaine

impacte le bien-être des habitants et certains secteurs économiques (bâtiments, tourisme, etc.). Elle pose un problème de santé publique. On se souvient en effet de la différence de surmortalité entre Paris (+190 %) et les zones rurales (+40 %) lors de la canicule de 2003. Or cette surchauffe est amenée à devenir la norme. Villes du sud ou du nord, de métropole ou d’outre-mer : toutes doivent s’y préparer. Plutôt que d’être prises de court et de réagir avec des solutions coûteuses, peu adaptées sur le long terme et pas toujours écologiques (brumisateurs, climatisation, etc.), les collectivités commencent à investir dans des solutions de rafraîchissement plus durables et pérennes.

Pas de « prêt-à-rafraîchir »

« Il n’y a pas de réponse unique. Chaque contexte est différent, tant au niveau du climat que de la configuration des lieux, rappelle Daniela Sanna, responsable du pôle aménagement des villes et des territoires (PAVT) de l’ADEME. Les solutions dites “vertes”, fondées sur la nature (création de parcs, etc.), sont à privilégier. Si elles sont bien conçues, elles contribuent autant à l’atténuation qu’à l’adaptation au changement climatique. »

Ce sont les options avec le plus de co-bénéfices. Les arbres, par exemple, s’ils ont un bon apport en eau et sont plantés à proximité les uns des autres, apportent ombre et fraîcheur par évapotranspiration, tout en contribuant au stockage du carbone, à la qualité de l’air et à la préservation de la biodiversité. Les sols perméables favorisent l’infiltration des eaux de pluie et l’évapotranspiration des végétaux. Mais « il ne suffit pas de changer de revêtement et de planter des arbres pour régler le problème, avertit Perrine Prigent, conseillère municipale déléguée à la valorisation du patrimoine, à l’amélioration des espaces publics et à la place de l’eau à Marseille. Il faut aussi penser à l’après : les essences choisies supporteront-elles le climat local, actuel et futur ? Ont-elles besoin de beaucoup d’eau ? Qui va entretenir les plantations ? Si ces questions ne sont pas anticipées, la végétation risque de dépérir assez vite. » « Une autre erreur serait de ne pas prendre soin des arbres existants », ajoute Élodie Briche, coordinatrice R&D Urbanisme durable à l’ADEME. La métropole d’Orléans l’a bien compris : elle a inscrit en 2021 la protection des cœurs d’îlots et autres espaces végétalisés dans son plan local d’urbanisme.

« Il est impératif de combiner plusieurs solutions, poursuit Élodie Briche. Les solutions vertes ne sont pas toujours judicieuses dans les villes où on s’attend à une raréfaction de l’eau dans le futur, ou dans les zones urbaines très contraintes : sous-sols occupés par des réseaux, centres historiques classés, etc. » Il est alors pertinent de les compléter par des solutions dites « grises », qui agissent sur les formes urbaines pour recréer une ventilation naturelle, sur le mobilier urbain pour créer de l’ombre, ou encore sur les revêtements et matériaux de sols, de murs et de toits pour augmenter leur albédo (la valeur physique qui permet de connaître la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface) et leur capacité d’isolation. Mais, là encore, il faut penser aux limites de ces solutions et au coût global du projet.

L’accompagnement de l’ADEME

Définir une trajectoire de rafraîchissement urbain efficace est complexe. C’est pourquoi l’ADEME met son expertise à la disposition des collectivités. Via ses appels à projets de recherche, comme PACT2e (Planifier et Aménager, face au Changement climatique, la Transition des Territoires), elle contribue à produire des connaissances sur les phénomènes physiques en jeu, l’efficacité et les limites des différentes solutions. Elle partage ce savoir via des ressources méthodologiques, des retours d’expérience, des outils d’aide à la décision comme ArboClimat ou le service numérique public « Plus fraîche ma ville », ou encore via son réseau d’experts en régions. Elle contribue à la montée en compétence des agents de collectivités via des formations comme le MOOC « Villes et territoires durables – Méthodes et outils pour passer à l’action », qu’elle propose avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sur la plateforme FUN. L’ADEME noue par ailleurs des partenariats pour conjuguer les expertises (Cerema, Météo France...) et favoriser le passage à l’échelle opérationnelle (Association des maires de France...).

S’adapter ne signifie pas relâcher les efforts sur l’atténuation au changement climatique. Moins le thermomètre grimpera, moins le défi du rafraîchissement sera grand. La recherche de sobriété au sens

large reste donc primordiale, avec une attention particulière sur les usages qui accentuent autant la surchauffe que locale. Les climatiseurs notamment, en plus d’être émetteurs de gaz à effet de serre, contribuent à réchauffer l’air extérieur et à intensifier la surchauffe urbaine notamment en été. Le seul moyen de casser ce cercle vicieux est d’améliorer durablement le confort thermique intérieur et extérieur des citoyens.

L'ADEME EN BREF
À l'ADEME - l'Agence de la transition écologique -, nous sommes résolument engagés dans la lutte contre le réchauffement
climatique et la dégradation des ressources.
Sur tous les fronts, nous mobilisons les citoyens, les acteurs économiques et les territoires, leur donnons les moyens de progresser
vers une société économe en ressources, plus sobre en carbone, plus juste et harmonieuse.
Dans tous les domaines - énergie, économie circulaire, alimentation, mobilité, qualité de l'air, adaptation au changement
climatique, sols... - nous conseillons, facilitons et aidons au financement de nombreux projets, de la recherche jusqu'au partage des
solutions.
À tous les niveaux, nous mettons nos capacités d'expertise et de prospective au service des politiques publiques.
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ADEME- OCCITANIE TRIBUNE (07-06-23)

 


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