Tarn et garonne - Crise du logement : « La bombe sociale est en train d'exploser ! »
Par CNL Tarn et Garonne, le 17 Avril 2024
Les membres du conseil d’administration de Tarn et Garonne Habitat se sont réunis hier avec à l’ordre du jour notamment le vote sur les rapports de gestion et d’activité 2023. Le président José Gonzalez et la directrice générale Linda Pradel ont évidemment salué la capacité de l’office public à continuer de construire dans un contexte toujours plus difficile.
« L’année 2023 a été riche en défis et en succès pour notre organisme, toujours premier bailleur du département. Nous avons poursuivi notre mission avec engagement en mettant en œuvre des projets novateurs. Notre succès, c’est d’avoir pu livrer 143 logements dans un contexte toujours plus contraint, c’est continuer à construire partout où le besoin est là et pas seulement là où c’est facile et rentable », s’est félicité le président Gonzalez.
Les représentants des locataires de la Confédération Nationale du Logement ont voté pour l’adoption des deux rapports, en témoignage de leur confiance envers les 89 collaborateurs de l’office public qui gèrent au quotidien le parc de 4644 logements familiaux. Cependant, dans un contexte de forte inflation, d’augmentation des taux du Livret A qui pénalise fortement les bailleurs, avec le maintien du dispositif « Réduction de Loyer de Solidarité (RLS) » qui a forcé l’office à verser 1,6 millions d’euros à l’Etat en 2023, ou encore les pénuries d’entreprises du bâtiment, la directrice générale a souligné les difficultés budgétaires auxquelles les bailleurs vont devoir faire face dès cette année. « Le budget est tellement contraint que nous sommes aujourd’hui face à des choix cornéliens pour poursuivre nos projets de constructions et de rénovations. Nous aurons à faire des choix », a insisté Mme Pradel.
Un contexte alarmant sur lequel ont évidemment rebondi les représentants de la CNL 82. « Nous sommes tout à fait conscient de la situation mais nous nous devons d’alerter sur celle des locataires et des familles qui est tout aussi compliquée », a insisté Julien Sueres, militant de la CNL à Castelsarrasin. « Voici deux ans d’affilée que vous nous imposez des hausses de loyer. En 2023, celle-ci vous a rapporté environ 1,1 million d’euros, vous permettant de compenser à peu près les 1,6 millions que l’Etat vous a ponctionné injustement au titre de la RLS. Les locataires ne pourront pas éternellement se faire presser de la sorte. Nous devons nous mobiliser ensemble, bailleurs et habitants pour exiger de l’Etat l’arrêt de ce dispositif injuste et le blocage des loyers », a plaidé le castelsarrasinois.
Un appel également appuyé par la Présidente de la fédération Tarn et Garonne de la CNL, Jocelyne Ségarra. « Les impayés sont en train d’exploser. +13% en 2023, et vous savez pertinemment que cela va encore s’amplifier en 2024. Ce n’est jamais de gaité de cœur qu’une famille arrête de payer son loyer, souvent, avant d’en arriver là, elle a déjà réduit d’autres dépenses, alimentaire, de santé et de loisirs. La bombe sociale est en train d’exploser, et ce n’est pas en expulsant les plus pauvres qu’on s’en sortira », a-t-elle expliqué.
Fin 2023, plus de 5550 familles restent en attente d’un logement social en Tarn et Garonne. Face à une crise du logement historique qui frappe le pays, le ministre Guillaume Kasbarian n’a toujours pas annoncé de grandes mesures permettant de relancer la construction. Ses propositions de s’attaquer à la loi SRU qui force les communes à construire des HLM ou de sortir les locataires les plus aisés pour faire de la place, ont été largement décriée par le monde politique et associatif, la CNL en tête. Celle-ci promet d’ailleurs une forte mobilisation des locataires dans les semaines à venir.
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