FRANCE - Emmanuel Macron fait demain un casting pour former un "gouvernement d'intérêt général" en excluant les extrèmes
Par EUROTRIBUNE - Patrick Viencent , le 10 Décembre 2024
Cinq jours après la censure du gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron a initié un processus de discussions avec les partis politiques . L'objectif, annoncé par l'Élysée pour le mardi 10 décembre à 14 heures, est de "constituer un gouvernement d'intérêt général". Toutefois, cette initiative se fait sans le Rassemblement national ni La France insoumise, un choix qui souligne les lignes de fracture dans le paysage politique français.
L'entourage du président a précisé que cette décision faisait suite aux déclarations de Marine Le Pen et de Manuel Bompard, illustrant ainsi une volonté de se distancier des partis jugés incompatibles avec son projet.
La réaction de la gauche ne s'est pas fait attendre. Marine Tondelier, porte-parole des écologistes, a fermement rejeté l'idée de participer à un gouvernement "d'intérêt général" qui inclurait Les Républicains ou des membres de La République En Marche, affirmant son engagement envers le Nouveau Front populaire. Dans une lettre adressée à Macron, les responsables du Parti socialiste ont également exprimé leurs conditions : un "Premier ministre de gauche" et une "véritable réorientation politique". Ils ont clairement averti qu'ils ne souhaitaient pas faire partie d'un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite ou d'un cabinet technique.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a pris position en faveur d'un "référendum révocatoire", rappelant sa volonté de destituer le président de la République. Lors d'une réunion publique, Mélenchon a précisé que cette démarche ne visait pas à assumer le poste de président, mais à souligner la nécessité d'une alternative politique.
Face à cette situation, Emmanuel Macron ressent une pression croissante au sein de son propre camp. Après un processus de sélection qui avait duré cinquante et un jours pour nommer Michel Barnier, le président souhaite avancer plus rapidement. François Bayrou, son allié de longue date, a exprimé des inquiétudes quant à la persistance de la crise, affirmant qu'aucun citoyen français ne devrait accepter une telle situation.
En coulisses, plusieurs noms circulent pour le poste de Premier ministre, parmi lesquels François Bayrou, Sébastien Lecornu et Bernard Cazeneuve ou encore le retour de Jean Castex . Bien que le leader du Modem Francois Bayrou ne revendique pas le poste de manière explicite, il a déclaré sa disponibilité à contribuer à la sortie de crise, laissant entendre son intérêt pour une fonction gouvernementale.
Enfin, le ministre du Budget démissionnaire, Laurent Saint-Martin, a confirmé que la loi spéciale est "prête" et pourrait être présentée au prochain Conseil des ministres. Cette législation temporaire vise à garantir le fonctionnement de l'État jusqu'à l'adoption d'un nouveau budget pour l'année 2025, soulignant l'urgence de la situation politique actuelle.
Emmanuel Macron s'efforce de rassembler les forces politiques autour d'un projet commun, tout en naviguant dans un paysage fracturé où les tensions avec la gauche et ses propres alliés compliquent la création d'un gouvernement stable. Les semaines à venir seront cruciales pour déterminer la direction que prendra la France dans ce contexte complexe.
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