

FRANCE - Rassemblement, un an après le Féminicide de Montpellier
Par Fanny Dumond, le 19 Février 2025
#Violencesconjugales
Un an après le féminicide de Marie-Pierre devant le tribunal de Montpellier, l’association féministe montpelliéraine « Les tricoteuses hystériques » appelle à un rassemblement en sa mémoire pour marquer un an jour pour jour depuis ce drame
- jeudi 20 février 2025 à partir de 18h, place Pierre Flotte à Montpellier -
Le collectif féministe Tricoteuses Hystériques organise un rassemblement en femmage (hommage à une femme) à Marie-Pierre, assassinée le 20 février 2024 par son ex-mari.
Ne pas oublier, ne pas se taire
Le 20 février 2024, le parvis du tribunal de Montpellier fut le théâtre d’une scène d’horreur, comme il en arrive tous les 3 jours en France. Marie-Pierre, 66 ans, a été abattue d'une balle dans la tête tirée à bout portant par son ex-époux, alors qu'ils devaient solder devant la justice le patrimoine qu'ils avaient encore en commun, après un divorce prononcé en 2016. Il l'attendait, armé, devant le tribunal judiciaire où ils avaient un rendez-vous avec le juge aux affaires familiales. L'homme a ensuite mis fin à ses jours. Ce meurtre prémédité fut un féminicide de plus, un drame qui rappelle l'urgence de lutter contre les violences faites aux femmes.
"Marie-Pierre était attendue par son assassin. Nous ne l'oublions pas." affirment les Tricoteuses Hystériques, qui appellent à une mobilisation massive pour honorer sa mémoire et réclamer justice pour toutes les victimes de violences conjugales.
« Les tricoteuses hystériques » : une initiative féministe montpelliéraine née de la colère
L'association Tricoteuses Hystériques a été créée à Montpellier en 2024 à la suite du "procès de Mazan". Leur engagement a été renforcé par les propos sexistes d'un avocat de la défense, qui à la sortie du verdict avait publiquement tourné en dérision les militantes féministes et les avait traitées de tricoteuses hystériques. Aussi cette phrase inspira les fondatrices de l’association qui en ont fait le nom de leur association, pour dénoncer le fonctionnement patriarcal de la justice et l'impunité des auteurs de violences sexistes.
Le scandale de cette insulte fut d’ailleurs repris par la presse internationale qui consacra des articles au rôle des tricoteuses dans l’histoire de France, comme dans le quotidien espagnol El Pais.
En organisant ce rassemblement, elles entendent rendre femmage à Marie-Pierre, mais aussi rappeler que chaque féminicide est un crime qui aurait pu être évité. L’association appelle toutes les personnes sensibles à cette cause à se rassembler pour exiger une justice à la hauteur des drames que subissent les femmes victimes de violences.
Le fléau des violences conjugales en France
Grâce à la libération de la parole, les violences conjugales sont désormais clairement identifiées comme un fléau de société qui touche les françaises (à 85%) et les français sans distinction d’âge, de catégorie socio-professionnelle ou de lieu d’habitation.
Sachant que 271 000 victimes ont porté plainte pour violences conjugales en France en 2023* mais que, selon l’enquête Vécu et Ressenti en matière de Sécurité (VRS)**, seules 14% des victimes font appel aux services de police ou de gendarmerie, on peut aisément calculer qu’en réalité quasiment
2 millions de personnes subissent des violences conjugales chaque année en France.
Qui étaient les 'tricoteuses' ?
Les tricoteuses (fileuses) étaient des femmes de gauche pendant la Révolution française : jacobines, sans-culottes, sans (apparent) pouvoir, qui ont quitté l’espace clos du foyer pour se révolter. Elles étaient des agitatrices. Elles assistaient aux réunions des jacobins, aux audiences du Tribunal révolutionnaire et se déplaçaient toujours en groupe. Elles étaient issues des femmes de la Marche sur Versailles, celles qui, lassées de la hausse des prix, de n’avoir rien pour nourrir leurs familles, marchèrent ensemble jusqu’au Palais de Versailles et continuèrent à marcher jusqu’à ce que Louis XVI soit contraint de les écouter. C'était en octobre 1789. Elles furent nombreuses, solidaires, et combattirent si ardemment qu’elles finirent par acquérir du pouvoir. Pas beaucoup, mais un certain pouvoir. Et du respect. Mais elles en avaient tant gagné que, lors de la chute de Robespierre et sous la réaction thermidorienne, ces femmes, ces ouvrières, furent jugées dangereuses. En mai 1793, on leur retira la liberté d’occuper les espaces qu’elles avaient investis, on leur imposa le silence. À partir de ce moment-là, ces mêmes femmes, à qui des hommes effrayés avaient retiré tout (ce peu de) pouvoir, quittèrent les lieux qu’elles occupaient et gardèrent un certain silence. Peut-être celui de la parole, mais pas celui des aiguilles. Elles commencèrent alors à se réunir en groupe, toujours en groupe, comme elles l’avaient toujours fait, et à tricoter, cette fois seulement en tant que spectatrices des exécutions publiques. C’était une manière de dire : « Vous ne nous voulez pas ici avec du pouvoir, ni avec la parole, ni avec une voix, vous nous voulez à la maison. Eh bien, nous serons ici, sans pouvoir et sans voix, mais nous ne serons pas à la maison, nous serons ici. »
Informations pratiques :
Date : Jeudi 20 février 2025
Heure : 18h
Lieu : Place Pierre Flotte, Montpellier
** soit 1 935 000 714 de victimes au total si les 271 000 victimes déclarées ne représentent que 14%
L'association des Tricoteuses Hystériques
Créée à Montpellier par Vigdis Morisse-Herrera en 2024 à l’issue du procès de Gilbert Pélicot, communément appelé « procès de Mazan ». L'objet des Tricoteuses Hystériques est de lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants, grâce à la prévention et à l’information ainsi que par des actions de visibilité, le medium principal étant le tricot, sur la place publique dans le cadre et le respect des lois en vigueur. L’association dénonce fermement le traitement judiciaire des affaires de violences et la victimisation secondaire imposée aux victimes. A l’issue du procès des violeurs de Mazan, un avocat, maître Christophe Bruschi est revenu à plusieurs reprises pour cracher son mépris au visage des femmes militantes féministes qui sont venues chaque jour durant 3 mois soutenir Gisèle Pélicot et sa famille. Cet avocat a hurlé à la foule que son client était libre et qu’il avait un message pour nous : “MERDE”. “Tricoteuses hystériques” a-t-il lâché ensuite, dénué de honte et le sourire jusqu’aux oreilles face aux caméras du monde entier.
https://www.helloasso.com/associations/tricoteuses-hysteriques/collectes/tricoteuses-hysteriques
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