Tarn et garonne - Entretien avec Raymond Girardi (MODEF): « Il n'est jamais trop tard pour bien faire »

Tarn et garonne - Entretien avec Raymond Girardi (MODEF): « Il n'est jamais trop tard pour bien faire »

Tarn et garonne - Entretien avec Raymond Girardi (MODEF): « Il n'est jamais trop tard pour bien faire »

Par PCF Castelsarrasin, Valence et Lomagne, le 24 Février 2025

Le 20 mars prochain, à Donzac, le PCF de Castelsarrasin, Valence et Lomagne organise une rencontre publique avec les agriculteurs. À cette occasion, Raymond Girardi, vice-président du MODEF, sera l’invité principal. Il répond à nos questions sur l’avenir du monde paysan, les défis actuels et les solutions à mettre en œuvre.

Les élections aux Chambres viennent de se dérouler avec une poussée notable de la Coordination Rurale (CR), qui va gérer 14 départements, l’irruption d’« indépendants » et un vote utile. Comment vois-tu l’avenir du mouvement paysan ? Cogestion, revendications ou perte de visibilité ?

Raymond Girardi : La cogestion entre la FNSEA et le gouvernement, instaurée depuis l’après-guerre, nous a menés au désastre actuel : effondrement du nombre d’agriculteurs (passé de 2,5 millions à 350 000) et perte de souveraineté alimentaire dans de nombreux secteurs (fruits, légumes, viande, grandes cultures, hormis le blé). Dans l’esprit des agriculteurs, la CR représente la colère et le mécontentement face à la FNSEA, mais en réalité, ce vote aggrave leur situation.

Dans ce contexte, il semble que l’on marche sur la tête avec une demande de plus de dérégulation réglementaire, alors que le fond du problème reste la juste rémunération des agriculteurs. Quelle est ton analyse ?

R.G : Le problème, c’est que la CR et la FNSEA partagent la même philosophie : un libéralisme pur et dur, basé sur l’offre et la demande. Or, les paysans ont besoin de prix garantis pour obtenir un revenu décent. Tant que l’on restera dans cette logique de marché dérégulé, les exploitants ne pourront pas vivre dignement de leur travail.

Les attaques du monde agricole contre les normes jugées contraignantes rejoignent celles du lobby agroalimentaire. N’y a-t-il pas un danger pour les consommateurs ?

R.G : La question du trop de normes est réelle dans l’activité agricole. Souvent inadaptées et contradictoires, elles n’apportent rien à la santé publique et entravent l’activité des exploitants. Par ailleurs, certaines réglementations sont spécifiques à la France et créent une concurrence déloyale vis-à-vis des produits importés. D’où la colère contre ces normes.

Fruits à l’exportation, céréales soumises aux marchés mondiaux, élevages intensifs ou exploitations toujours plus grandes… On observe une dérive capitaliste et libérale qui alimente la finance au détriment de l’autosuffisance alimentaire. Que faire ?

R.G : L’industrialisation de l’agriculture et l’ultralibéralisme, censés assurer la souveraineté alimentaire, sont un échec total. C’est ce que le MODEF dénonce depuis 60 ans. Nous devons construire un nouveau modèle agricole, aligné sur les besoins des consommateurs et l’agriculture familiale, qui est l’essence même de notre pays. Lors de notre dernier congrès, nous avons proposé un objectif ambitieux : revenir à un million d’agriculteurs en France.

L’artificialisation des terres atteint un niveau critique. Avec un foncier agricole hors de portée des jeunes, comment inverser la tendance ? Avec quels outils ?

R.G : L’agrandissement sans limites et la financiarisation du foncier sont également des échecs flagrants. Pourtant, nous avons en France un outil unique en Europe : les SAFER. Il faut leur donner les moyens financiers pour permettre aux nombreux candidats à l’installation d’accéder au foncier. Si nous investissons dans cette voie, nous pourrons atteindre notre objectif d’un million d’agriculteurs et restaurer notre souveraineté alimentaire.

Le 20 mars à Donzac, tu participes à cette rencontre avec les agriculteurs et le monde rural, à l’initiative des communistes. N’est-il pas trop tard pour renouer le dialogue alors que les idées réactionnaires progressent dans les campagnes ?

R.G : Il n’est jamais trop tard pour bien faire, surtout lorsqu’il s’agit d’une question vitale d’intérêt national: nourrir notre population. Nous sommes à un moment clé, où il faut choisir entre poursuivre dans cette voie réactionnaire et destructrice ou emprunter une nouvelle direction, progressiste et adaptée aux besoins de nos concitoyens. Le Parti communiste a un rôle essentiel à jouer, en rassemblant toutes celles et ceux qui partagent cette vision. Et je suis convaincu qu’ils sont majoritaires en France.

 

 

 

Retour

 

A LIRE AUSSI