Port la Nouvelle - AUDE - PORT LA NOUVELLE - Projet d’extension du port : Observations du groupe des élus FN RBM
Par Les élus du groupe Front National - Rassemblement Bleu Marine au Conseil Régional d'Occitanie, le 22 Mai 2018
Objet : observations du groupe des élus FN RBM au Conseil Régional d’Occitanie sur le projet d’extension du port de Port-La-Nouvelle
Monsieur le Président,
Depuis plusieurs mois, notre groupe Front National Rassemblement Bleu Marine regroupant 39 Conseillers régionaux d’Occitanie ne cesse de faire part à l’exécutif régional de ses observations, remarques et interrogations concernant le projet d’extension du port de Port-La-Nouvelle. Malheureusement, la Présidente de Région s’obstine à vouloir lancer ce projet sans tenir compte de nos commentaires. C’est pourquoi nous tenons à nous adresser à vous aujourd’hui dans le cadre de l’enquête publique.
D’un point de vue strictement économique tout d’abord, nous mettons en doute l’intérêt de l’opération. En effet, la première des trois étapes de ce projet d’extension va mobiliser 252 millions d’euros d’argent public du Conseil régional. Cela représente plus de 20% du budget investissement annuel de la Région Occitanie. Il s’agit d’un effort colossal auquel il faudra ajouter les 24 à 39 millions d’euros (selon le scénario choisi) d’intérêts cumulés sur l’emprunt ainsi que les 1,5million d’euros de maintenance et d’entretien (budget fonctionnement) annuels supplémentaires. L’effort est d’autant plus démesuré que cette étape ne sera vouée qu’à un seul projet expérimental de ferme éolienne sur les deux initialement prévus (Gruissan-Port-La- Nouvelle), la fabrication de celui de Leucate-Barcarès étant finalement délocalisée à Fos-sur-Mer.
A titre de comparaison, les travaux d’aménagement et développement du port régional de Sète (digue d’enclôture ZIFMar) ne vont coûter que 4 millions d’euros à la Région, le reste (50 millions d’euros) étant pris en charge par des investisseurs privés. En ce qui concerne Port-La-Nouvelle, on parle au contraire d’une menace de désengagement des investisseurs privés puisque les sociétés de transport d’hydrocarbures, qui représentent à elles seules 60% du trafic, seraient prêtes à quitter le port si son extension aboutissait telle quelle. Aucun accord entre ces sociétés et la Région n’a été trouvé à ce jour, et aucun ne semble être en passe d’être présenté avant la fin de l’enquête publique. Si cela venait à se confirmer, le projet d’extension aurait paradoxalement pour conséquence de réduire dramatiquement l’activité du port.
Une gestion réfléchie est indissociable d’une vision à long terme. Nous n’avons aucune visibilité sur le devenir du projet après 4 ou 5 ans, soit l’équivalent du temps de fabrication et de montage de la ferme des quatre éoliennes, qui reste expérimentale. Sans l’engagement d’acteurs économiques concrets et de sociétés de transport d’hydrocarbures, l’ampleur des investissements est disproportionnée au regard de la précarité de l’avenir du projet.
Par ailleurs, la nature même du port de Port-La-Nouvelle - situation géographique concurrencée par Sète, Marseille et Barcelone, hinterland contraint et peu développé, trafic de niche essentiellement lié aux hydrocarbures - laisse courir de sérieux doutes quant à la nécessité d’une telle opération. Les récentes évolutions du trafic du port montrent, au contraire, une tendance largement à la baisse (-24% du nombre de navires opérés entre 2012 et 2016, -18% du volume taxable sur la même période). Contrairement au port de plaisance, le port de commerce est loin d’être saturé.
De plus, le fait qu’au sein des phases 2 et 3 du projet d’extension (pas encore financées, faute d’acteurs économiques), la construction de quais soit prévue sans aménagement pour les bateaux et le curage du port ne dépassant pas les 14m de tirant d’eau, ne facilitera pas le démarchage de nouvelles sociétés. D’autant plus que, la taille des porte-conteneurs concurrentiels nécessite un minimum de 19m de tirant d’eau et que l’aménagement de quais représente un coût substantiel.
De même, l’absence de possibilité de développer l’infrastructure routière environnante (coincée entre étangs, colline ou Parc naturel régional de la Narbonnaise) et l’annulation du projet de la ligne ferroviaire mixte Montpellier-Perpignan - qui contraint aujourd’hui à utiliser des lignes surannées et traversant les étangs, soumettant le transport du fret aux caprices des aléas marins - ne favorisent pas non plus l’attractivité du site pour de nouveaux acteurs potentiels.
Du point de vue majeur de l’environnement ensuite, l’imprévisibilité du transit sableux ainsi que l’absence d’étude d’impact sur l’ensemble du littoral de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, (pourtant promise par le président de la commission particulière, le 11 mars 2013, sur la question de la protection du littoral) rendent plus qu’incertaines les conséquences à long terme d’une telle avancée du port - plus d’un kilomètre en mer pour une digue de 2400m - et du déplacement des masses d’eau qui en découleront !
Le suivi de cette érosion, prévu pour 10 ans (5 ans pendant les travaux et 5 ans après les travaux), nous semble beaucoup trop court car l’extension du port aura des impacts sur plusieurs décennies. Une analyse bathymétrique régulière des fonds nous semble également indispensable. Enfin, les mesures compensatoires prévues par le maître d’œuvre pour protéger le littoral et l’habitat naturel sont loin d’être convaincantes.
Pour toutes ces raisons, ce projet d’extension du port de Port-La-Nouvelle nous apparaît comme très nettement déraisonnable. Même si nous considérons comme essentiel le développement des infrastructures portuaires régionales, il s’agit ici d’un investissement beaucoup trop important en comparaison des retombées économiques et commerciales qui nous semblent très hypothétiques sans parler des nuisances économiques directes qu’il génère et de l’impact inquiétant sur l’environnement qu’il engendre.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre parfaite considération.
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